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Nos aventures d’échanges de maison

Hélène Lavallée, Chelsea, Québec
29 février 2016

PRÉFACE

Je reportais depuis plusieurs années le projet d’écrire l’histoire de nos échanges de maison. La vie nous envoie parfois des messages et nous place dans des situations qui nous motivent à réaliser ces projets.

Depuis notre retraite en 2001, en plus de faire des échanges de maison, nous passons nos hivers en Floride. Nous avons donc quitté Chelsea au Québec le 10 janvier 2012, dans notre nouvelle KIA Rondo 2012. Très heureux de prendre la route après une année 2011 assez pénible, suite à une chirurgie subie par Wilfrid, mon compagnon de vie depuis plus de cinquante ans. N’ayez crainte, je ne m’étendrai pas sur le sujet, ce commentaire vise seulement à mettre les évènements en contexte.

Nous avons donc pris la route de la Floride et après dix heures de conduite, nous avons eu une collision qui a détruit notre KIA en me laissant avec une fracture du genou. Voilà le contexte…six semaines sans marcher, la jambe étendue et me voici, bien installée à côté de la piscine en Floride pour relater nos rencontres et nos aventures de voyages en échanges de maisons.

INTRODUCTION

J’avais cinquante ans et Wilfrid en avait cinquante-six, on adorait voyager mais comment ferions-nous à la retraite pour continuer à payer pour ces voyages coûteux? La solution m’a été fournie par un ami qui nous a mis sur la piste du réseau d’échanges de maison ‘Homelink International’. Nous avons vite compris le principe d’échanger non seulement notre maison mais aussi notre voiture pour un coût annuel équivalent à un ou deux soirs à l’hôtel.

Nous voilà donc engagés dans cette merveilleuse aventure, il y a maintenant plus de vingt ans avec vingt échanges à notre crédit. J’ai donc décidé de partager avec vous les anecdotes, expériences et certaines des rencontres qui ont enrichi notre vie, à travers les années et à travers les continents.

J’espère que ces écrits vous donneront le goût du voyage en échange de maison!

PREMIER ÉCHANGE…Septembre 1996

St. Michel l’Observatoire dans le Lubéron, sud de la France

Pour cette première aventure, nous nous retrouvons à St. Michel l’Observatoire, tout petit village datant du 8e siècle; sa vieille église originale et ses ruelles de pavés anciens. Notre maison en pierres datant du 15e siècle, à un kilomètre du village est une ancienne bergerie en partie restaurée en maison. Sur un grand terrain avec son potager avec une douche extérieure dans l’ancien poulailler, j’y ai vécu ma première aventure (ou mésaventure). Je vais à la douche avec ma serviette, savon etc…et en entrant dans la douche, équipée d’une porte à battants un peu comme les portes dans les films de cowboys, je fais face à une énorme araignée jaune sur le mur de la douche. Comme j’ai une peur bleue des araignées, je reviens à la maison à la course en criant; j’essaie de fermer la grosse porte de bois sans succès, la porte semble bloquée et refuse de fermer. Nous découvrons un gros crapaud coinçé dans l’embrasure de la porte! Nous arrivons à le déloger et j’utilise une seconde douche située dans la toute petite toilette intérieure sauf que l’eau éclabousse tout, évier et toilette, tout de même mieux que les araignées monstres.

Puis ce fut l’enchantement de découvrir la Provence avec nos promenades à pied à travers les champs de lavande et les sentiers de Grande Randonnée du Lubéron. Nous avons trouvé ainsi la magie des couleurs ocre de Roussillon, les villages perchés de Gordes et de Forcalquier et le marché de Manosque.

Ce marché nous a conduits à notre deuxième aventure. Voulant acheter des pâtes fraiches, nous demandons de l’aide pour trouver un marchand de pâtes fraiches. Un très gentil monsieur français nous dirige mais reconnait notre accent québécois et comme il nous est arrivé à maintes reprises depuis, il s’exclame que je ‘sonne comme Céline Dion’! Je m’empresse de lui dire que je n’ai ni sa voix, ni sa fortune. Cette réaction, nous la vivons dans chacun de nos échanges en France et ce, malgré tous mes efforts de parler ‘à la française’ pour tenter bien sûr de me faire comprendre.

Ce cher Jacques nous demande donc d’attendre quelques minutes pour rencontrer sa femme pour qu’elle entende mon accent! Nous faisons la connaissance de la charmante Thérèse et sans plus de cérémonies, ils nous invitent à souper à leur maison en montagne à Manosque, avec vue sur la Méditerranée. Nous déclinons l’invitation car nous attendons des amis du Québec mais rien à faire, ils communiquent avec nous et nous reçoivent tous les quatre avec un souper de roi, 7 services avec les vins pour accompagner chaque mets.

Le retour à la bergerie ce soir-là fut plutôt cahoteux et très très drôle car nos amis s’étaient imaginé que Jacques et Thérèse faisaient partie d’une secte religieuse, très à la mode au Québec comme en France dans ces années là. Nous avons bien ri de leurs craintes et sommes rentrés sains et saufs dans le noir. Nous venions de découvrir l’hospitalité et la grande générosité française, ce n’était qu’un début.

Quelques années plus tard, lors d’un autre échange à Pertuis en Provence, Jacques et Thérèse avec qui nous étions restés en contact, nous ont reçus à leur résidence d’été entre Cannes et St Tropez; comble de gentillesse, ils nous ont cédé leur chambre avec une vue magnifique sur la Méditerranée et sur les compétitions de grands voiliers.

Maroochydore, Queensland en Australie

Quand nous avons commencé nos échanges, mon cœur s’est tout de suite attaché à la France et Wilfrid lui rêvait depuis toujours de l’Australie. Deux continents, deux mondes tellement différents mais où nous avons tous les deux laissé une partie de notre cœur à travers les amitiés que nous y avons trouvées.

On nous avait parlé des australiens comme des gens ‘laid back’, insouciants mais nous avons découvert un peuple d’une générosité sans borne qui nous ont accueillis sans aucune réserve et qui nous considèrent comme faisant partie de leur famille. Voici l’histoire de notre famille agrandie…

En arrivant à notre maison à Maroochydore, nous avons compris pourquoi Ken et Margaret qu’on avait accueillis chez nous à Chelsea s’étaient exclamés : ‘Oh, what a nice little cottage’ que beau petit chalet!

J’avais été un peu offusquée mais c’était avant de découvrir que leur maison comptant quatre chambres à coucher, cinq chambres de bain dont quatre avec bains tourbillon, deux salons…Petit chalet en effet! On s’est empressé de fermer toutes les portes et nous avons utilisé une seule chambre pendant notre séjour. Pour Ken et Margaret ils nous ont confié s’être tellement reposés chez nous que les premiers quatre jours, ils étaient restés bien tranquille à regarder la Rivière Gatineau et les jardins. Il faut croire qu’il y a du vrai dans ‘les petits pots, les meilleurs onguents.

Notre première randonnée est dans le Parc National de Noosa Heads, c’est là que nous voyons nos premiers Koalas en suivant le sentier qui mène à Alexandra Beach. La grande plage de sable blanc sur le Pacifique semble déserte, nous nous installons près de l’eau avec notre lunch mais tout à coup nous voyons arriver des baigneurs qui étaient cachés par de grandes dunes de sable. Jusqu’ici tout va bien…sauf que tous ces baigneurs sont nus! Nous avions manqué l’affiche qui indiquait ‘Nude Beach’. Nous sommes restés quand même (quel sacrifice), après tout nous étions bien installés et quelques minutes plus tard nous avons vu s’approcher un beau grand australien avec son chapeau de cuir et son sac à dos et…à poil, il est passé tranquillement devant nous et j’ai compris qu’il protégeait sa tête du soleil avec son beau chapeau de cuir! Pour le reste, il était vraiment très bronzé. Belle photo souvenir pour notre album!

Nos échangeurs Ken et Margaret nous recommandent d’aller en excursion à Fraser Island endroit idéal au printemps pour la migration des baleines et de leurs petits. Pour ce faire nous communiquons avec leurs amis Vic et Betty qui habitent Hervey Bay, point de départ pour Fraser Island , pour qu’il nous réservent une chambre dans le camping près de leur maison. Surprise! En arrivant à Hervey Bay, Vic et Betty nous attendent sur le trottoir et nous reçoivent dans leur maison; pas question de louer une chambre, le temps de le dire, nous sommes installés dans la chambre d’invités pour la durée de notre séjour. Nous avons appris qu’ils avaient trois filles dont une à Melbourne, une à Ballarat et la troisième à Rockhampton et un fils au Canada. Je vous raconte ceci comme entrée en matière pour la suite des aventures que nous avons vécu avec toute la famille qui nous considère comme leur deuxième famille.

Vic et Betty sont venus au Québec quelques années plus tard et nous leur avons fait découvrir la belle région de l’Outaouais, le Parc Oméga, le Château Montebello, les Mille iles et la beauté du Fleuve Saint-Laurent. A Ottawa, lors d’une visite à la Résidence du Gouverneur Général, Vic a eu droit à un tour guidé privé des serres accompagné de l’horticulteur de la Résidence.

De notre côté nous sommes retournés en Australie à Mt Eliza au sud de Melbourne. A notre arrivée, la fille de Vic et Betty, Robyn, nous attendait avec un immense bouquet de fleurs australiennes et une invitation pour le week-end suivant. Cette amitié s’est étendue à leurs amis Stan et Robyn et nous a permis de vivre des aventures telles que la tonte des moutons que Wilfrid a trouvé assez spécial…nous avons aidé à nourrir 1400 poules pondeuses et à recueillir les œufs, toute une expérience. Nous avons assistés à un festival de jazz uniquement de banjos et nous sommes allés en canot avec un guide aborigène.

Mais une de nos sorties inoubliable avec Rob et Robyn se passe à leur club ou Rob pratique le ski acrobatique sur l’eau. Comme il veut nous faire une démonstration de ses talents, il nous débarque sur la berge et repart avec le bateau. Et là, juste devant nous, nous faisons face à un immense serpent (2 mètres). Robyn ne panique pas, elle frappe le sol avec ses pieds et le serpent s’éloigne. Puis elle étend les serviettes et calmement sort le lunch en regardant Rob en ski sur l’eau. Rob est très bon même si je l’ai regardé avec un œil sur l’eau et l’autre à la recherche du serpent.

Nous avons eu cinq échanges en Australie de Queensland sur l’océan Pacifique en passant par Victoria et le Great Ocean Road pour finir à Perth sur l’océan Indien. La beauté du pays par sa faune et sa flore mais surtout l’accueil des ‘Aussie’ un peuple tellement attachant, nous a enchantés. Lors de notre dernière visite d’une durée de deux mois, nous avons été accueillis par 4 couples d’amis et avons passé quelques jours avec chacun d’eux.

PERTUIS, Sud de la France

Cet échange avec Andrée et Roger, commence par l’accueil à l’aéroport de Marseille par leurs cousins, Jeannot et Jeannine qui s’empressent de nous emmener à notre petit appartement à deux pas du village. Pas question de s’y installer tout de suite, ils nous invitent à souper, la réponse de Jeannine lorsque nous avons dit de ne pas vouloir nous imposer, c’est que ‘si on ne voulait pas vous recevoir, one ne vous aurait pas invités’. La suite de cet échange se passe comme dans les bons films français. Nous faisons la connaissance de la famille dont le fils Norbert et Anik qui organisent une randonnée sur les crêtes du Lubéron (Vitrolles en Luberon) et un autre sur les sentiers qui longent la Méditerranée à Marseille (Méjean-Niolon). C’est là au port de Marseille, qu’ils achètent les têtes de poisson pour la fameuse bouillabaisse que nous dégustons lors d’une grande fête en notre honneur à la Bastide des Jourdans. Comme Jeannot est chef du petit orchestre de Pertuis et clarinettiste, nous dansons dans la grande cour de la ferme sur des airs de jazz en dégustant cette bouillabaisse arrosée des bons vins du Luberon.

Nous avons vite constaté que tous les sentiers, que ce soit les GR (Grande Randonnée) ou les multiples sentiers balisés à partir de tous les villages, nous permettaient de découvrir des coins cachés des points de vue magnifiques et parfois dangereux. Avec Norbert, il nous a fait vivre un de ces périples qu’on n’oublie pas. Partis en début d’après-midi pour la randonnée du Sentier du Loup sur la crête du Lubéron, nous avons marché trois à quatre heures jusqu’à ce que Norbert décide qu’il serait préférable de prendre un raccourci pour revenir à la ferme. Nous étions à plus de 600 mètres et son raccourci consistait à descendre verticalement à travers cailloux, racines et arbres directement vers le village. Pour y arriver nous avons dû courir, projetés vers l’avant par la pente abrupte en sautant d’un obstacle à l’autre. Norbert, habitué à ce genre de descente, nous entrainait vers le bas et trouvait l’expérience très drôle. Nous sommes finalement revenus à sa ferme, au crépuscule, et, comme un petit enfant chez nous au Québec, on dit ‘qu’il a mangé le diable’, il s’est fait disputer par toute la famille, inquiets de ce qui pouvait bien être arrivé à leurs petits amis québécois. Mais bonne bouffe et bon vin ont vite fait de nous faire apprécier notre aventure.

Nous avons compris lors de nos échanges en France pourquoi les français vivent si vieux; nous avons rencontré, lors de nos randonnées, des gens de tous âges qui nous dépassaient en vitesse et certains qui couraient même jusqu’au sommet des montagnes. Le Canigou, la Mourre-Nègre , les Calanques de Cassis, la Rhune au Pays Basque, dans tous ces sentiers nous avons croisé des personnes de plus de 80 ans, tellement agiles et sans aucun doute, en bien meilleure forme que nous.

PERPIGNAN à la découverte des Catalans

En mentionnant le Canigou, un de nos coups de cœur, je vous transporte à Perpignan où nous avons connu Albert (Al) ami catalan pure laine, et Gisèle, ce sont eux qui nous ont fait découvrir le Canigou avec sa cime enneigée. C’est sur ces sentiers que nous avons croisé les dimanches, les familles de trois générations avec les mamans à talons hauts, les mamies et les enfants qui couraient sans sembler se fatiguer.

Notre Al nous a présentés à ses amis Gégé et Angéline qui nous ont invités à partager un repas d’escargots que nous avons cueillis sur les murs de leur maison qu’ils ont cuit sur des braises de sarments de vigne. Délicieux, même si au début nous étions un peu dédaigneux. C’est ce même Gégé qui nous a invités à une partie de rugby et en arrivant à son siège, il s’est empressé de déloger tout le monde en leur disant de laisser la place à ses amis québécois. Il faut dire que Gégé était le toubib de l’équipe de Perpignan. A la fin de la partie, il nous a présenté un grand gaillard, étoile de l’équipe, le numéro 5 Mike James, qui nous a fait un gros câlin car il était canadien, venu étudier en France mais il n’était jamais reparti.

Avec les années nous avons revu Al qui nous a fait connaitre le pays catalan et ses coutumes, nous avons assisté à la Féria des barques catalanes, nous avons exploré la côte d’argent de l’Espagne et nous avons eu un autre coup de cœur pour Collioure avec ses artisans, ses peintures inspirées des impressionnistes et ses bons vins. Nous avons trouvé qu’ils parlaient très vite ces catalans mais c’est drôle parce qu’eux trouvaient que nous on parlait le vieux français…

SARDAIGNE, Italie, Ile au Sud de la Corse

Bien avant la technologie de l’internet, nos offres d’échange se faisaient par le courrier ou par téléphone. Notre échange avec Lucia à Iglisias en Sardaigne s’est organisé par téléphone grâce à une amie italienne. D’abord deux personnes, puis quatre et finalement ils seraient six pour cet échange. Lucia, l’institutrice du village, le photographe et le comptable, ils sont tous venus. Un peu ‘tassés’ dans notre voiture nous les avons emmenés à la messe italienne à Ottawa et les avons présentés à l’association italienne. Puis nous sommes partis pour Iglisias, on nous avait dit que la Sardaigne ‘c’est l’autre Italie’. Nous avions choisi ce que Lucia appelait son chalet de montagne plutôt que son appartement au cœur du village. Oups! Chez nous au Québec, ce serait le camp de chasse avec un minimum d’ustensiles et des matelas de plume, le genre ou il faut se tenir chacun de son côté pour ne pas tomber au milieu du lit. Pour s’y rendre, une petite route de pierres, dans le genre fonds de rivière, et en arrivant deux gros chiens de garde qui aboyaient à nous dévorer et…dix chatons! La première réaction de Wilfrid : ‘Veux-tu repartir?’ Mais après avoir ouvert les volets nous avons découvert une vue splendide sur les montagnes de Sardaigne et la douceur des couleurs comme on en trouve seulement en Italie. Puis nous avons exploré Iglisias, son marché de légumes, viandes et poissons et la place centrale du village avec son charme des vieux films italiens.

Nous sommes donc restés et deux semaines plus tard nous avons accueilli nos plus anciens amis les deux Andrés et c’est là que notre aventure commence. Nous sommes partis avec eux un vendredi pour faire le tour de l’Ile en longeant la mer Tyrrhénienne par Costa Rei et la Capitale Cagliari jusqu’au nord d’où on aperçoit la Corse pour redescendre le long de la Méditerranée versant ouest. Comme nous sommes en 1999, nous utilisons encore les chèques de voyage American Express en dollars canadiens; c’était avant les cartes de crédit et avant l’euro. Je vais donc à la banque échanger ces chèques en lires pour une valeur de $500. Canadiens. Je me retrouve avec beaucoup plus de lires que ce que je croyais obtenir mais nous avons pensé que notre dollar était peut-être à la hausse. Nous avons pris la route et après discussion nous avons réalisé que le jeune caissier avait fait erreur et m’avait remis des lires pour $500 US, soit près de $300 de plus à ce moment-là. La suite de cette histoire à notre retour le lundi.

La Sardaigne est une ile magnifique et nous y avons vu des villas d’une grande richesse du temps de l’Aga Khan (Stintino, Capo Torre, Castelsardo). Nous avons serpenté cette route pour reprendre le chemin vers Iglisias le dimanche matin. C’est à ce moment que nous avons commencé à chercher une station d’essence. Je vous ai bien dit que nous sommes le dimanche…nous en sommes en Italie…tout est fermé le dimanche. Finalement, avec un réservoir presqu’à sec, nous trouvons une station ‘self service’ avec deux rangées de pompes; comme le réservoir de la petite Anglia se trouve du côté passager, Wilfrid tente d’utiliser la pompe de l’allée de droite …sans succès. Je me rends compte que la pompe permettant de payer avec une carte de crédit est dans l’autre allée. Je lui dis de changer de rangée mais avec l’énervement, il revient au volant et démarre sans avoir retiré la pompe du réservoir, ce qui a eu pour résultat de briser l’intérieur du réservoir à essence. Nous sommes revenus à Iglisias en réussissant à mettre $5 d’essence à la fois en utilisant un entonnoir fabriqué de journaux. On ne pouvait en mettre plus car nous risquions de nous asphyxier. Nous avons bien ri….beaucoup plus tard au retour.

Il faut dire qu’à ce moment-là la belle Lucia et ses cinq copains étaient revenus du Québec; après avoir passé une nuit blanche, inquiets de la réaction de Lucia, nous sommes allés frapper à sa porte dès la première heure. ‘Lucia, problemo’ et dans mon meilleur italien nous avons explique ce qui s’était passé.

‘No problemo, no problemo’! Lucia s’est empressée de faire venir son ami Umberto le comptable qui s’est occupé de faire réparer la voiture en précisant bien au mécanicien de ne pas surcharger. Mais pendant ce temps, les six amis échangeurs ont organisé une visite inoubliable à la mine de Porto Flavia, une mine fermée au public, mais que nous avons pu visiter avec d’anciens mineurs. Nous avons terminé cette journée par un grand repas de pâtes et de fruits de mer offert par nos hôtes à San Benedetto sur la crête d’une montagne. Nous croyons que leur accueil et leur grande générosité était leur façon bien à eux d’équilibrer un peu cet échange de maison. Nous en avons bien profité. La réparation de la voiture a coûté $100.

Le lendemain, je me suis rendue à la banque avec les liasses de lires, si vous n’avez pas connu cette période, la monnaie italienne en lires se calculait en mille lires et je crois bien qu’à l’époque je devais avoir 500,000 lires. En entrant dans la banque, le jeune caissier qui m’avait servi s’écrie : ‘La Senora, la Senora, errore, errore! Il s’est empressé d’aller chercher son gérant et je lui ai remis les lires qu’il nous avait échangé en trop. Je vous ai dit qu’Iglisias est un petit village et nous croyons que ’le mot s’est répandu’ que nous étions des gens honnêtes car à partir de ce jour, nous avons reçu un accueil très chaleureux entre autre au supermercado ou on nous remettait les meilleurs poissons, fruits et légumes et même le gendarme nous a épargné une contravention un soir.

Nous revenions d’une randonnée à la mer et en arrivant sur la place publique ou, tous les soirs les gens du village se réunissaient pour ‘piquer une jasette’, nous avons brulé un feu rouge en fonction seulement le soir. Le gendarme nous a arrêtés mais quand je lui ai dit dans mon meilleur ialien ‘Cambiar la casa di Lucia…’ ils nous ont remis nos papiers sans plus tarder avec de grands signes ‘Avanti, avanti’. Nous avons conclu qu’entre Lucia, son comptable et la banque et bien en Sardaigne le crime ne paye pas mais l’honnêteté si! Viva Italia!

ARCHAMPS en Haute-Savoie

Cet échange sur la frontière de la France et de la Suisse nous a permis de vivre quelques aventures palpitantes dont une presqu’incroyable. Comme nos échangeurs Irène et Ronald préféraient ne pas échanger la voiture, nous avons loué une petite Renault à l’aéroport de Genève. Nous sommes arrivés à l’heure du lunch, il n’y avait pas de représentant Renault pour nous expliquer le fonctionnement de la voiture mais nous avons pu récupérer les clés et nous diriger vers la sortie. Nous avions accueilli Irène et Ronald à Chelsea et donc leur amie Ursula, suissesse nous attendait à l’aéroport pour nous guider jusqu’à la maison.

Ce que nous ignorions, c’est que le réservoir à essence dans les voitures louées par Renault est vide et il fallait faire le plein dès la sortie de l’aéroport. Nous avons suivi Ursula et elle nous a conseillé de faire le plein du côté suisse parce que moins dispendieux qu’en France. Aucun problème pour faire le plein mais quand Wilfrid a voulu faire marche arrière pour sortir du poste à essence car nous étions coinçés entre les pompes et la route à sens unique. Rien à faire, il n’arrivait pas à mettre la voiture en marche arrière. Le temps que j’aille dans le garage demander de l’aide, notre guide Ursula a soulevé le devant de la voiture à bout de bras à trois reprises et a replacé la voiture en sens inverse. Incroyable mais vrai! Wilfrid qui a été témoin de ce phénomène (car il était assis dans l’auto) m’a dit qu’il était très humilié et qu’il s’est senti…tout petit. Pour ma part, j’ai bien découvert le petit truc qui permet de mettre la Renault en marche arrière. Mais ça c’est mon secret!

Cet échange nous a permis de découvrir Annecy et la piste cyclable autour du lac, Genève ou là aussi la piste cyclable longe le lac Leman d’un côté et les vignobles à perte de vue de l’autre côté. Dans les deux cas les vélos sont gratuits.

Un matin nous sommes partis parcourir le sentier géologique du Mont Salève avec des vues sur le Lac de Genève. (666m à 1286m). Tout allait bien jusqu’à ce qu’on rencontre un vieux randonneur italien avec son chien policier; il nous a conseillé de le suivre car il connaissait un ‘raccourci’. Ce qu’il avait omis de nous dire, c’est qu’il courait à toute vitesse avec son chien le long de la crête et son raccourci pour redescendre devenait de plus en plus étroit et périlleux, du moins pour nous. Il s’est finalement arrêté pour nous indique le sentier pour redescendre à travers de gros cailloux qui roulaient sous nos pieds. Puis il est disparu avec son chien en nous montrant vaguement la direction à prendre.

La leçon que nous avons tiré de cette aventure, c’est qu’il ne faut pas juger les gens à leur apparence car ce gentil vieux randonneur avant bien dans les 70 ans avancés et nous les petits québécois, à peine 60. Nos six heures de marche se sont terminées avec un bon repas de filets de perche bien arrosé. La beauté des Alpes de Haute-Savoie nous a enchantés, les randonnées au Mont Blanc et Chamonix, un autre coin de la France à découvrir. Cet échange s’est terminé par une grande fête organisée par Ursula et sa famille du côté suisse; nous y avons dégusté une raclette typique bien arrosée (encore) de bons vins du Jura.

DAX au sud-ouest de la France

Dax à la découverte du pays basque. En 2004 nous échangeons avec Marie-Jeanne et Jeantou, nous sommes leurs premiers échangeurs. Ils nous accueillent avant leur départ et nous mettent en contact avec trois couples de leurs amis. Dès leur départ nous rencontrons aussi la belle Jeannine, voisine d’en face dont la maison porte le joli nom ‘La Solitude’. Jeannine habite seule avec ses chats, presque tous des chats errants à qui elle offre refuge. Comme elle a la responsabilité de nourrir notre Patxa, le chat de la maison, nous l’invitons à manger avec nous. C’est là qu’elle fait la leçon à Wilfrid en lui disant de pas saler ou poivrer le mets que ‘madame Hélène’ s’est donnée beaucoup de peine à préparer avant d’y avoir goûté. On n’est jamais trop vieux pour apprendre n’est-ce pas?

Dès la première journée, Denise, une des amies vient me prendre pour aller au marché ou elle me présente au marchand de poisson, au fabricant de pâtes fraiches et bien sûr à l’artisan fromager. Nous y sommes retournés à chaque semaine de notre séjour.

Pour nos aventures, les six amis nous invitent un dimanche pour aller avec eux dans les Pyrénées parcourir le sentier la Vallée de Lutour jusqu’au Lac d’estom; nous avons marché plus de quatre heures, une magnifique randonnée avec un goûteux repas de pâtés, fromages, baguette, le tout arrosé de vin rouge. Parmi ces six amis, Denise et Jean-Ber font également de l’alpinisme; ils décident donc avec Wilfrid de traverser le ruisseau et d’escalader ce qu’ils appellent une ‘toute petite pente’ avec un petit peu de neige par endroit. Oui, petite pente pour eux mais pour Wilfrid qui n’a jamais pratiqué ce sport, j’ai suivi leur montée avec les jumelles et j’ai bien cru revenir veuve au Québec. Mais finalement une heure plus tard, grands signes de bras du sommet, on aurait dit l’ascension victorieuse du Mont Everest.

Nous avons terminé cette belle journée par un repas partagé bien contents d’avoir participé à cette expédition dans les Pyrénées.

Nous avons revu Marie-Jeanne et Jeantou nos échangeurs lors de nos échanges à Toulouse et à Manduel; ils nous ont fait découvrir le pays basque et ses villages fleuris; nous avons ainsi visité Arcangues, village natal de Luis Mariano et les piments d’Espelette avec ces piments accrochés en grappe sur les maisons et sur les commerces du village. Le pays basque rappelle beaucoup l’Alsace avec les jolies maisons aux balcons fleuris.

Un jour ou nous nous promenions à vélo dans l’arrière-pays, nous arrivons face à un immense troupeau de moutons que le berger déplaçait pour les emmener paître dans un champ de polo. Le berger nous a expliqué que cette façon de faire évitait aux propriétaires du terrain de polo d’avoir à tondre la pelouse.

Après le passage du troupeau, nous reprenons notre route et un peu plus loin nous voyons un gros mouton arrêté près de la route en bêlant sans arrêt. Nous nous approchons pour découvrir que son agneau était tombé dans le petit canal qui longeait la route, canal assez profond pour qu’il s’y noie. Wilfrid s’est empressé de sauver la petite bête et nous avons raccompagné la mère et son bébé jusqu’au berger.

Le pays basque c’est aussi la Rhune, cette montagne avec d’un versant on voit l’Espagne et de l’autre la France, les vues sur Biarritz et St Jean de Luz; il y a deux façons de découvrir la Rhune : le petit train touristique qui serpente la montagne mais nous avons préféré le sentier de randonnée pour bien jouir de la vue sur la côte Atlantique, parmi les moutons tachés de peinture rouge ou noire pour les différencier les uns des autres.

PERTH, côte ouest de l’Australie

Avec les années il nous est arrivé de faire deux échanges consécutifs et de ne pas rencontrer nos échangeurs. C’est ce qui s’est passé dans nos échanges à Yeppoon, petit village de pêcheurs sur la côte est de l’Australie suivi de Perth à l’extrémité ouest sur l’océan indien.

En arrivant à Perth, nous sommes accueillis par Barbara et Don, deux américains de San Diego; l’entente avec nos échangeurs était que Barbara et Don viendraient nous cueillir à l’aéroport et que deux jours plus tard nous irions les y reconduire. Deux jours peuvent sembler bien courts mais ce fut suffisant pour conclure un échange de maison pour l’année suivante à San Diego. Cet échange nous a permis d’explorer la Californie et la fameuse route 1 qui longe le Pacifique. Cette même année, nous sommes repartis de San Diego pour un échange à Seilh, près de Toulouse.

Comme notre échangeur de Seilh, Jean-Claude voulait aller à San Diego, nous l’avons mais en contact avec Don et Barbara pour un autre échange. Mais ce n’est pas tout, en 2009, nous avons fait un échange à Tauranga, Nouvelle-Zélande dans un domaine de kiwis, ressemblant beaucoup à un vignoble en France et lors de cet échange, Frank et Sandy qui désiraient aller en France ont conclu un échange avec Jean-Claude à Seilh.

Nous avons vite appris qu’en Australie les distances sont énormes surtout si on veut y découvrir le ‘Outback’ de ce beau pays. Nous avons décidé de faire le trajet de Perth vers Coolgardie jusqu’à Kalgoorlie en suivant le pipeline qui transporte l’eau aux mines d’or de ces deux villes. Unique en son genre car l’eau est transportée en remontant le terrain grâce à huit stations de pompage et deux petits barrages sur une distance de 530 kms. Le long du parcours nous avons croisé le ‘Rabbit Proof Fence’, cette clôture de plus de 1833 kms, la plus long clôture ininterrompue au monde. Installée dans l’espoir d’arrêter l’envahissement des terres par les lapins; les australiens ont cru que cette clôture les arrêterait, ils n’avaient pas compté sur le fait que les lapins creusent…ce doit être de là qu’est venue l’expression ‘L’herbe est toujours plus verte l’autre côté de la clôture’.

Nous avons décidé d’arrêter Coolgardie pour la nuit et comme on offrait un tour guidé en autobus de la ville et de la mine, nous nous sommes retrouvés avec une quinzaine d’autres touristes dans ce mini-bus avec le chauffeur qui agissait également de guide. De retour à notre petit camping-car, version australienne d’un motel, surtout dans l’arrière-pays, nous sommes traversés au resto juste à côté du terrain de camping. C’est là que Wilfrid constate qu’il n’a pas son portefeuille. Après avoir cherché notre chambre, rien à faire, il l’a perdu. Sur l’entrefaite, la propriétaire du resto nous dit de ne pas nous inquiéter, qu’elle a téléphoné à son neveu qui était le chauffeur de notre tour et qu’il va aller voir dans le but pour retrouver le portefeuille.

Une heure plus tard, le chauffeur arrive au resto, il a retrouvé le portefeuille tombé entre les sièges du bus. Pour ce faire, il a dû sauter la clôture de l’enclos ou se trouvait l’autobus car tout était fermé. Il n’a pas voulu accepter de récompense, sauf pour une bonne bière froide! Viva Australia!

Mais revenons à Joondalup, Perth, deux couples de nos amis de Melbourne sont venus nous rejoindre et avec eux nous sommes descendus de Perth en passant par Margaret River jusqu’à Albany au confluent de l’océan du Sud Pacifique et de l’océan indien. C’est là, dans le Parc Valley of Giants à Walpol que les trois hommes ont décidé de grimper les Tall Trees; Wilfrid avait 67 ans, Stan en avait 60 et Rob 55. Non il n’y avait pas de filet protecteur, ils ont tout simplement grimpé plus de 150 mètres. C’est le genre de prouesse qu’on dit à nos enfants de ne pas tenter! Ils ont survécu très fiers tous les trois. On nous a dit que cette pratique a été abandonnée depuis.

Au retour de Perth, nous sommes restés quelques jours à Melbourne chez nos amis. Surprise, en arrivant dans notre chambre nous avons trouvé deux invitations. La première nous invitant à une sortie surprise le soir même avec la mention ‘Formal attire’, chez nous ça veut dire s’habiller chic. Stan et Robyn nous ont emmenés au bord du canal qui traverse Melbourne ou nous avons dégusté un steak de kangourou pour la première fois dans un restaurant de fine cuisine australienne. Ensuite ils ont suggéré d’aller nous promener un peu pour digérer. Mais un quinzaine de minutes plus tard, nous sommes arrivés au Grand Théâtre de Melbourne ou ils avaient retenu des billets dans les premières loges pour la pièce musicale de Lion King. Les deux surprises, entièrement à leurs frais nous ont beaucoup touchés.

Quelques jours plus tard, nous trouvons à nouveau un message sur notre bureau nous invitant à préparer le nécessaire pour un petit voyage de deux jours, sans plus d’explication. La journée commence par un pique-nique avec concert de musique australienne dont le didgeridoo, instrument en bois dans la famille des cuivres, souvent interprété par les aborigènes. On se demande bien pourquoi nous avons apporté ce sac de voyage; le mystère s’éclaircit à la fin de l’après-midi quand Stan et Robyn nous emmènent au Werribee Zoo pour y faire un séjour en safari africain. Incroyable. Le Werribee Zoo en plus d’être un zoo comme tous les autres, offre un séjour d’une nuit et un safari à travers les milliers d’acres de terrain ou l’on retrouve tous les animaux d’un réel safari en pleine brousse africaine.

On nous informe que nous coucherons sous la tente, comme en Afrique et on nous donne rendez-vous pour un souper typique avec danseurs et tambours. Notre petit groupe est invité à jouer les tambours et nous apprenons à danser avec nos guides.

Les tentes sont installées sur le haut d’un rocher avec vue sur les animaux qui broutent dans brousse australienne. Le tout se prend bien avec un bon verre de vin au coucher du soleil.

Le lendemain matin, nous repartons dans trois jeeps pour le safari : éléphant, girafes, zèbres, hippopotames et derrière une grande vitrine les tigres, tout un spectacle inoubliable. Vous comprendrez que l’hospitalité des australiens ne cesse de nous épater.

SEILH près de Toulouse (la ville rose)

Cet échange est situé sur un ancien domaine dans la magnifique maison de Jean-Claude et de sa maman qui habite un petit appartement juste à côté. Première surprise, Jean-Claude nous offre sa passe de golf à son terrain privé et nous prête ses bâtons et ceux d’un de ses amis. Bon début! Puis nous rencontrons Marie-Reine, qui nous reçoit chez elle avec un groupe d’amies pour écouter à la télé le débat des candidats à la Présidence de la France.

Comme la politique nous intéresse et que cette année-là il y avait Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy dans la course, nous tenions à entendre les points de vue des français et aussi écouter le début des candidats. Nous étions neuf invités dont huit femmes et…Wilfrid. Je peux dire honnêtement que nous avons écouté les opinions mais que nous n’avons pu entendre le débat à la télé car ès qu’une question était posée aux candidats toutes les femmes se mettaient à parler en même temps et à donner leur propre réponse aux questions. Comme le volume montait à mesure que la soirée avançait, pas certaine que ce soit à cause de la ferveur des opinions mais plutôt favorisé par le bon vin rouge et la pizza, nous les avons fait bien réagir quand Wilfrid leur a dit que s’ils n’élisaient pas Ségolène nou, au Canada, on la prendrait bien comme Premier Ministre! Belle soirée et comme on dit chez nous ‘on s’est couchés moins niaiseux’.

Il fait très beau à l’automne en Haute Garonne, nous partons donc un jour pour parcourir la piste cyclable au cœur des vignobles de Bordeaux. Nous roulions côte à côte sur la piste assez étroite; tout à coup, un cycliste arrive derrière nous à toute vitesse et comme on ne l’avait pas entendu, il a dû s’arrêter. On s’est excusés, il a tout de suite reconnu notre accent et nous a expliqué qu’il parcourait cette piste tous les jours de beau temps; quelque vingt kilomètres aller-retour. Il est reparti à toute vitesse en en arrivant au bout, nous l’avons retrouvé avec un chauffeur qui lui aidait à mettre son vélo dans la voiture. Il nous a confié qu’il a maintenant 92 ans, et comme il a des problèmes à garder son équilibre, le chauffeur le place sur son vélo à un bout de la piste et l’attend à l’arrivée car il ne peut plus des centre seul de son vélo. 92 ans, un ex-champion du Tour de France qui ne lâche pas. Une petite leçon d’humilité pour nous deux.

Cette année-là c’était le lancement du Airbus 380, nous avons vu les essais et nous étions là quand l’autoroute de Toulouse a été fermée une nuit pour permettre le passage des ailes de cet appareil qui arrivaient de l’Allemagne. De plus nous avons eu la chance d’être témoins des premiers essais ‘Touch and Go’ de cet immense avion et avons visité le hangar ou on y construisait trois de ces géants.

Cette région unique pour ses pigeonniers, témoins d’un temps passé, pour les artisans sculpteurs et peintres de Cordes-sur-Ciel et pour le Marché des potiers à Auvillar possède également plusieurs sentiers ou circulent les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle se rendant à la Basilique Saint-Sernin de Toulouse.

Nous sommes revenus dans cette magnifique région et y avons découvert des nouveaux trésors cachés à chaque visite. Parmi les plus beaux villages de France, notre coup de cœur a été Saint-Cirq-Lapopie.

BAD SODEN SALMÜNSTER, Allemagne à 45 minutes de Francfort

Bad Soden Salmünster est une jolie petite ville de bains thermaux (Bad) comme on en trouve souvent dans cette région de l’Allemagne. Nous accueillons nos échangeurs Gert, chef à la retraite et Ludmilla une gentille russe à la maison à Chelsea. Ludmilla avait décidé d’apprendre l’anglais avant de venir au Canada; elle suit des cours d’anglais avec une douzaine de ses amis depuis six mois. Elle nous invite à communiquer avec la professeur Hildegarde pour participer au cours d’anglais durant notre séjour. Ce n’est pas ce que vous pensez; les cours se donnent tous les jeudis, dans un petit café, fermé au public pendant le cours; le tout se passe assis autour d’une grande table ou l’on nous sert des cafés et des desserts. Très spécial. Mais ce n’est que le début.

La plupart des participants, 8 femmes, 2 hommes ne parlent que l’allemand et la professeure qui, elle est bilingue, sert plutôt d’interprète entre nous deux et la classe d’anglais. C’est vraiment très drôle, notre allemand se limitant à Guten morgen et danke ‘Bonjour et merci’ et leur anglais ‘My name is… et How are you?

Nous décidons avec la professeure que la semaine suivante, nos devoirs seraient de dire ce que nous préparons pour un petit repas romantique. Encore plus drôle que la première fois car un des hommes répond en anglais ‘I don’t cook and me no romantic’. Façon originale de s’en sortir.

Pour la 3e leçon nous sommes invités par le groupe à une randonnée en forêt de quelques kilomètres suivie de la visite du Kloster Kreuzberg des franciscains; ils y fabriquent leur bière en fut et font l’élevage des chiens St Bernard. C’est là qu’on déguste les meilleurs schnitzels assis à de grandes tables tous entassés les uns sur les autres selon leur coutume. Cet échange ne nous a pas appris l’allemand mais quelle leçon d’hospitalité nous avons reçue!

Nos coups de cœur durant cet échange furent Bomberg, la petite Venise, Mettlach et le magnifique musée de Villeroy et Boch, le Château de Wartbourg ou Martin Luther a traduit la bible et surtout le trajet de la Route Romantique pour y visiter le Château Neuschwanstein, dont Walt Disney s’est inspiré pour créer le sien. Le réseau de pistes cyclables de village en village nous a permis de découvrir l’histoire et l’architecture de cette belle région de l’Allemagne. Auf wiedersehen!

Nous sommes restés en contact avec Gert et Ludmilla qui nous ont accueillis quelques années plus tard à la fin de notre échange en Hollande. Dès notre arrivée, Gert nous a chassés de sa cuisine, c’était lui le Chef cuisinier et nous avons été choyés pendant trois jours, en plus de découvrir avec eux des coins cachés…c’était en octobre et les feuilles étaient presqu’aussi belles et colorées qu’au Québec.

MANDUEL, petit village près de Nîmes au cœur des vignobles des Costières de Nîmes

Nous arrivons un vendredi fin août chez Evelyne et Rob qui nous attendent avec un bon petit souper de poisson et salade sans oublier le vin rosé, tellement recherché dans cette région de France. Comme ils quittent le lendemain pour le Québec, ils nous invitent à aller découvrir la Fête Votive de Manduel. Notre maison se trouve au cœur du village et nous pouvons nous rendre aux arènes à pied. Le programme de la soirée se présente comme suit : course camarguaise dans les rues et compétition dans les arènes. Pour les compétitions nous découvrons ce sport qui se joue à deux équipes de jeunes hommes très agiles car l’objet du jeu, lorsqu’on relâche le taureau, est de tenter d’enlever trois rubans qu’il porte à ses cornes. Naturellement le taureau ne se laisse pas faire et dès qu’il voit les jeunes hommes approcher, il se rue sur eux. A ce moment, croyez-le ou non, les joueurs sautent à près de deux mètres par-dessus la clôture de l’arène en s’accrochant à des barres de métal installées sous les gradins A la fin de la compétition qui dure vingt minutes par taureau, il y en a trois, je n’avais plus de voix tellement j’avais crié. Nous étions donc installés dans les gradins à côté de deux couples dont Julien, bénévole préposé à la cantine pour la durée de la Fête Votive de quatre jours. Julien et son frère nous expliquent les règlements, ils trouvent très drôle que je crie à chaque fois qu’un taureau se précipite sur les manadiers. Je leur dis que pour moi c’est la même chose qu’une joute de hockey de nos Canadiens.

Pendant cette première soirée, Julien et Viviane son épouse nous invitent à arrêter prendre un ‘petit coup à la maison’ le lendemain après la course camarguaise à partir des arènes jusqu’au début du village de Manduel. On se dit que c’est bien gentil mais qu’ils nous ont dit ça par politesse comme on dit chez nous au Québec : “Venez faire un tour si vous passez“. Le lendemain, la fête commence par la course camarguaise sans mise à mort, avec les petits taureaux noirs de Camargue. Eh bien croyez-moi on en a eu pour notre argent. Suite à cette compétition il y a un lâcher de taureaux dans les rues (bandido en espagnol). A chaque fois qu’un taureau est relâché dans la rue, la foule entassée des deux côtés crie à tue-tête et les petits enfants de six à douze ans courent pour tenter d’attraper le taureau par la queue. Tout le monde, surtout leurs parents, les encouragent… C’est miraculeux qu’il n’y ait eu aucune blessure car, entre un taureau enragé, les chevaux surexcités et toute cette marmaille qui courre, on s’attendait vraiment à un malheur. Il faut croire qu’ils sont habitués.

Puis c’est la fête au village avec des grandes tables installées sur la place du marché et un orchestre de douze musiciens. C’est là qu’on retrouve Julien et Viviane qui nous relancent leur invitation de venir prendre un verre à la maison. On se présente donc chez eux vers 17 heures en pensant bien prendre un verre, mais surprise, ils nous attendent avec un repas de viandes cuites sur la grille, des légumes du jardin et sur du vin à volonté. On fait la fête jusqu’à la nuit, heureusement que notre maison d’échange se trouve à quelques pas de la leur, car la conduite aurait été pas mal risquée.

A partir de ce moment vous devinez qu’une autre amitié est née, Julien et Viviane nous ont emmenés à Cèze ou ils achètent leur vin directement du vigneron. Et pendant tout notre séjour, à tous les deux ou trois jours, Julien nous a apporté des légumes de son jardin, tomates, poivrons, laitue, qu’il nous laisse dans des sacs accrochés à la clôture de notre maison.

Nous avons pu leur remettre un peu leur grande hospitalité lorsqu’ils sont venus au Québec pour la première fois. Et maintenant nous communiquons sur SKYPE car ces petits amis sont devenus de grands amis.

TAURANGA, Nouvelle-Zélande et HOBART, Tasmanie

Cette année-là nous prenons la route pour deux échanges. Le premier à Wellington, capitale de la Tasmanie et le second à Tauranga sur l’Ile du Nord en Nouvelle-Zélande.

La Tasmanie, île d’Australie juste au sud de Melbourne est un paradis pour les marcheurs, car nous avons découvert tellement de sentiers de randonnée dont un en particulier dans une forêt tropicale avec des ponts suspendus au-dessus des arbres de fougères (fern trees) qui font de 30 à 50 mètres de hauteur. Mais le sentier qui nous a le plus marqué est sur le Mt Wellington; arrivés à mi-chemin, nous avons rencontré un groupe de douze marcheurs, tous habitants de Wellington et sans hésiter ils nous ont invités à nous joindre à eux pour terminer la randonnée. Quel plaisir! La plus jeune avait 58 ans, le plus vieux 92 ans; tous en bonne forme, nous avons donc passé quelques heures avec eux ce qui nous a permis d’en apprendre tout plein sur la vie et les mœurs des Tasmaniens. Bien sur ce qui distingue la Tasmanie ce sont les diables de Tasmanie (Tasmanian Devils), oui ils existent vraiment, pas seulement dans les dessins animés, ils sont aussi laids et épeurant que sur nos écrans, mais heureusement nous les avons seulement vus bien enfermés dans des enclos. La puissance de leurs mâchoires est supérieure à celle d’un crocodile, nous avons été témoins d’un de leur repas, ils sont tellement vicieux qu’ils s’attaquent entre eux pour s’accaparer la nourriture. Ces petites bêtes sont en voie de disparition à cause d’une maladie causée par la nourriture pourrie qu’ils consomment quand ils sont en liberté. La Tasmanie tente de sauver l’espèce dans les centres comme celui que nous avons visité.

Parmi les beaux endroits à ne pas manquer, l’île Bruny avec ses falaises surplombant la mer à plus de 200 mètres et le tour de bateau de Port Arthur pour y découvrir les plus hautes falaises de l’hémisphère sud.

L’échange suivant était en Nouvelle Zélande ou nous avons eu la chance et le plaisir d’habiter la maison principale d’un domaine de kiwis (Kiwi Estate). La culture des kiwis ressemble beaucoup à la culture des raisons, nous avons donc passé cinq semaines dans notre vignoble de kiwis. Notre aventure commence dès le premier soir; nous venions de nous coucher quand nous avons entendu un bruit le long du mur de notre chambre. C’était comme si quelque chose grimpait le long du mur extérieur; comme c’était notre première nuit dans cette maison, on n’était pas très brave, on est restés bien tranquille au lit et quelques minutes plus tard le son s’est déplacé dans le plafond juste au-dessus de notre lit, difficile à identifier les sons qui allaient de grattements, de petits pas et de drôles de petits cris. Au bout de quelques minutes, le calme est revenu et le lendemain matin Wilfrid est allé voir le long de la maison pour découvrir la source de ces visiteurs nocturnes…sans succès.

Le même phénomène s’est répété à chaque nuit pendant une semaine. Au bout de la semaine, nos échangeurs Sandy et Frank sont revenus d’un autre échange en Angleterre, ils habitent un logis adjacent à notre ‘domaine’ et nous avons eu le plaisir de faire leur connaissance et de les mettre au courant des visites mystérieuse à chaque nuit dans le plafond.

Je vous explique avant de continuer que nous avons conclu avec Sandy et Frank un échange non simultané ce qui explique notre rencontre, car ils désiraient vivre ‘un hiver québécois’. Ardents skieurs les deux, nous nous sommes entendus pour qu’ils viennent au Québec un jour passer l’hiver. Nous les attendons toujours….

Donc Frank entreprend son enquête le long du mur extérieur et découvre rapidement des petites pistes le long d’un tuyau d’échappement d’eau. Il déclare qu’il s’agit d’une famille d’opossum, ces petites bêtes qu’on aperçoit parfois suspendus par la queue, endormis au haut des arbres. Comme ils sont nocturnes, ceci explique leur visite quotidienne dans notre plafond. Ce soir-là nous allons diner dans un petit restaurant français ou nous avons le plaisir de rencontrer le chef natif de Paris et son épouse et comme Sandy par français, nous faisons la fête en dégustant une pizza cuite au four de bois, le tout bien arrosé de vin rosé.

Au retour en entrant dans la cour, les phares de la voiture frappent de plein fouet la petite famille complète d’opossum qui se dirigeait fidèle à leur habitude, directement vers leur tuyau préféré pour accéder à notre chambre. Frank immobilise la voiture, et comme les phares hypnotisent les opossums, il va vite chercher sa carabine et bang, bang, c’en est fait du père et de la mère mais les deux bébés se sont échappés. Comme nous aimons beaucoup les animaux, nous étions bien peinés mais Frank nous a expliqué qu’ils étaient à faire leur nid dans le plafond en dévorant tout sur leur passage. Nous n’avons jamais revu les deux jeunes opossums, je crois bien qu’ils courent toujours!

Ce couple charmant nous a accueillis à plusieurs reprises et grâce à eux nous avons découvert l’Ile du Nord de la Nouvelle-Zélande, paradis pour les sentiers de randonnée qui bordent la mer, la culture maori, magnifique peuple indigène arrivé depuis plus de 1000 ans de la Polynésie; ils composent 14% de la population des kiwis et leur langue et leurs coutumes continuent de s’exprimer à travers le pays. La visite des geysers de Rotorua qui font irruption à chaque jour, les spectacles de danse des maoris et la belle petite ville de Wellington, siège du Parlement et point de départ des traversiers pour l’ile du Sud, ne sont que quelques exemples des découvertes à faire dans ce pays si accueillant.

Un brin d’humour…

HISTOIRE DE CAMÉRA à Manosque en France

Bien avant l’arrivée des caméras digitales, nous avions une bonne caméra 35mm qui donnait de bons résultats; voici l’histoire de cette caméra :

Un jour, nous parcourons la corniche du nord qui longe la Méditerranée; cette corniche aux rochers ocre offre des vues imprenables sur la Côte d’Azur; nous décidons d’arrêter pour que je prenne la scène en photo. Malheur! J’avais oublié que ma caméra se trouvait sur mes genoux. Je descends de la voiture, ma caméras tombe au sol, se brise en deux et Wilfrid pour bien la finir, la piétine en petits morceaux. Comme il nous reste encore quelques jours en Provence, nous achetons une caméra jetable de 36 poses.

Le lendemain, nous décidons d’aller au marché de Manosque avec nos amis Jean et Ginette. Si vous êtes déjà allés en Provence, vous comprendrez bien ce qui suit…et encore mieux si vous êtes français. En arrivant au parking Jean et Wilfrid montent la rue qui mène au marché pendant que Ginette et moi allons utiliser la toilette turque. Ces toilettes encore en fonction dans les villages anciens consistent en deux empreintes de pieds en béton ou en pierre avec un trou au milieu pour y “faire ses besoins“. Il s’agit donc de placer les pieds dans les empreintes et de s’accroupir pour….Vous avez l’idée!

Comme c’est un matin de septembre assez frais, je portais un coupe-vent et j’avais placéla caméra jetable dans la poche. Je m’installe, je m’accroupis et voilà la caméra tombe directement dans le trou de la toilette, sans même accrocher les côtés. Nous avons tellement ri Ginette et moi qu’on n’arrivait pas à monter la pente pour aller raconter notre mésaventure à nos maris. Finalement, Wilfrid a déclaré que je devais acheter des cartes postales et ce jusqu’à la fin du voyage. Alors si un jour vous allez à Manosque, attention aux toilettes turques et à votre caméra!

UN MARIAGE DIFFÉRENT

Un bon matin lors de notre échange à Mt Eliza au sud de Melbourne en Australie, nous prenons la route vers Phillip Island pour y passer la journée. Il faut comprendre qu’il ne s’agit pas d’une croisière mais d’un tout petit traversier pour piétons, il transportait une vingtaine de personnes. La traversée prend à peine vingt minutes. Nous nous installons donc avec quelques autres passagers puis arrive une délégation d’une dizaine de personnes très bien vêtus, les hommes en habit avec cravate, les femmes en robes longues dont une particulièrement frappante, avec une robe en dentelle couleur écru et de longs cheveux blonds bouclés. Une autre femme vêtue d’un tailleur assez sévère l’accompagne. On se dite qu bien sur ce doit être un mariage et comme nous sommes assez curieux, en arrivant sur l’île, la plupart d’entre nous continuons à surveille ce qui va se passer. Eh bien, le petit groupe s’installe et la future marie et ses invités attendent l’arrivée du prochain petit traversier. Il arrive avec le prochain groupe de touristes mais sans le marié. La mariée continue à surveiller les allées et venues du traversier toujours sans le marié.

Tout à coup, un mouvement de bulles près de la rive attire les regards des curieux et de la mariée et un scaphandrier sort de l’eau avec tout son accoutrement. Il enlève son masque et surprise générale, c’est le marié qui se trouve sous ce déguisement! Il s’empresse de se changer car il porte son habit de noces sous son costume de scaphandrier. La cérémonie va de l’avant et quand nous avons repris le traversier après avoir visité cette petite île, les mariés étaient à bord avec leurs invités et leurs musiciens. Nous avons changé avec eux “Waltzing mathilda“ et ils nous ont offert une bonne bière australienne!

J’espère que ces anecdotes vous ont plu et pour ma part `Avant qu’il soit trop tard’ je continue avec mon ami, mon amant, mon partenaire de vie de plus de 52 ans à découvrir le monde grâce aux échanges de maison.

Hélène Lavallée, Chelsea, Québec

hlavalle@hotmail.com

29 février 2016